Mon enfant est-il prêt pour entrer en maternelle ?

C’est qui cette madame ? Et ce monsieur ? Pourquoi autant d’enfants autour de moi ? Où sont mes parents, mes frères, mes sœurs ? Et cette odeur que je ne connais pas ? Ces bruits qui me font peur ? Et puis,.. j’veux ce jeu rien que pour moi ! j’veux pas aller aux toilettes ! J’veux mon doudou ! ; … Que de questions !!!

La rentrée à l’école pour mon enfant approche, que faire s’il n’est pas encore propre ?

L’entrée à l’école maternelle est bien souvent un moment qui se prépare des mois à l’avance.  Dans les premiers jours après la rentrée, il n’est pas rare de voir apparaître des comportements de régression chez son enfant (sucer son pouce, redemander la tétine, pleurnicher facilement, être plus exigent envers son entourage,…). Pour diminuer au maximum ces effets éventuels, il est notamment important de ne pas entreprendre une éducation trop précoce à la propreté et de ne pas exercer trop de pression sur votre enfant au cours de cet apprentissage. Cela pourrait provoquer des rechutes ou un ralentissement net de cette démarche.

Au début du XXème siècle, apprendre à son enfant à devenir propre ne faisait pas vraiment partie des préoccupations dans l’éducation familiale. C’est à partir des années 1920-1930 que cet apprentissage a commencé à être pris au sérieux par la société en général, elle est alors devenue une démarche rigide et intégrée dans l’éducation parentale. Cette éducation faisait souvent l’objet d’une pression forte sur le jeune enfant.

BRAZELTON
SPOCK

25 ans plus tard, suite aux recherches effectuées par les célèbres pédiatres tels que Spock (1946), Brazelton (1962) et bien d’autres, c’est une approche axée sur le bien-être de l’enfant qui a désormais été prônée. En lieu et place d’un apprentissage précoce et rigoureux que l’on appelait par ailleurs : « dressage sphinctérien », il a été recommandé aux parents d’être attentifs à certains signes physiques perceptibles chez leur enfant avant d’entreprendre l’éducation à la propreté. Ainsi, si l’enfant est capable de suivre une à deux directives simples ; s’il montre le désir de faire plaisir à ses parents ; s’il  demande de faire des choses tout seul ; s’il sait donner des objets sans les demander en retour ; si son lange reste sec pendant plusieurs heures ; on peut estimer qu’il sera capable de s’asseoir sur le petit pot et de finir par le demander quand il en éprouve le besoin. Il est doublement recommandé de prêter attention à l’atteinte de ce stade de maturité chez l’enfant car une éducation trop tardive de la propreté freine son autonomie à pouvoir grandir.

Comment se déroule cet apprentissage ? 

Dans nos pays occidentaux, la plupart des enfants contrôlent leur vessie et leur intestin entre l’âge de 2 à 4 ans. La période moyenne entre l’initiation de l’apprentissage de la propreté et la propreté réelle varie entre 3 et 6 mois. Le contrôle de la vessie ne coïncide pas forcément avec celui de l’intestin. Il arrive que la continence urinaire nocturne se déroule en même temps que la continence diurne, mais bien souvent elle se produit plusieurs mois ou même plusieurs années plus tard.

Avant 18 mois, les muscles sphinctériens urétral et anal ne sont pas encore efficaces. La prise de conscience chez l’enfant qu’il peut agir sur « la propreté » se réalise progressivement et est induite par deux types de transformations. Premièrement, son alimentation s’est solidifiée au fil des mois ce qui rend les selles plus consistantes. Deuxièmement, le cerveau poursuivant sa maturation en termes de connexions synaptiques, l’enfant découvre qu’il peut maîtriser ses muscles permettant l’appropriation et le relâchement de manière volontaire. L’enfant est capable d’alterner à volonté un nouveau contrôle sur son environnement, ce qui lui procure un certain sentiment de pouvoir (plaisir organique).

Sur le plan psychologique/affectif, le bébé perçoit tout ce qui sort de son corps comme faisant partie intégrante de lui-même. Ainsi, dans la période d’apprentissage de la propreté, l’enfant qui se sépare d’une partie de son corps le fait pour faire plaisir à ses parents, il se découvre une nouvelle manière d’agir sur eux (plaisir psychique). Lorsqu’il le petit pot lui est présenté, qu’il accepte de s’y asseoir et d’éliminer au moment où ses parents le demandent, c’est comme s’il leur faisait un cadeau.

Lorsque tous des signes indiquent que l’enfant est prêt, que les parents estiment qu’ils peuvent lui présenter le petit pot, il est important de lui expliquer les avantages de l’usage de ce dernier. De lui expliquer avec des mots simples, pourquoi il est invité de manière très régulière à s’y asseoir. Il est aussi fondamental de le féliciter lorsqu’il le rempli et d’adopter une attitude positive. Les parents ne doivent pas être déçus lorsque le petit pot reste vide, c’est normal, ce sera pour plus tard…

Il est important de garder en tête que tout apprentissage doit être perçu comme un moment de plaisir, de partage dans la relation, apprendre à grandir en fait partie.

Cette manière d’aborder la propreté avec son enfant est en phase avec une dynamique d’éducation « naturelle », respectueuse des stades de développement de l’enfant. Elle fait partie intégrante du cadre et des limites que les parents installent progressivement et ce, dans une logique de continuité, de sécurité et de bien être pour leur enfant.

Cet article a été écrit sur base d’informations recueillies de l’ouvrage : « Les âges de la vie » d’Helen Bee & Denise Boyd